LE PLAFOND
STROP.
un film de Věra Chytilová
Tchécoslovaquie, 1961. 42. N&B.
Vingt-quatre heures dans la vie de Marta, jeune femme ayant interrompu ses études de médecine pour se consacrer à une carrière de mannequin.
Une journée où la violence des regards posés sur elle et des pensées de son entourage construit un portrait en creux de la protagoniste.

LE PLAFOND
Prix de l'Union international des ciné-clubs au Festival internationale du court-métrage d’Oberhausen (1962)
Festival du court-métrage de Tours (1962)
FIFF de Créteil (2025)
« Bien qu’elle ait réalisé d’autres court-métrages pendant ses études, Le Plafond (Strop) est considéré par Věra Chytilová comme le point de départ de sa filmographie. Il s’agit de son film de fin d’étude réalisé en 1961, qui lui permettra de sortir diplômée de l’Académie du film de Prague (FAMU) l’année suivante.
Elle y met en scène une jeune femme, Marta, dont la vie s’organise autour de son activité de mannequin. Rendez-vous chez le coiffeur, essayage de tenues, défilés s’enchaînent dans un rythme morne et sans éclat. Parfois le soir, elle retrouve Julián, un homme plus âgé qu’elle fréquente, mais qui ne semble pas la comprendre.
Un jour elle retrouve par hasard Honza, un ancien camarade de classe qui croit se souvenir qu’elle fait des études de médecine. Marta ne dément pas et accepte de passer du temps avec l’étudiant et ses amis. Plus le temps passe, plus Marta ne parvient à supporter l’enfermement d’une vie subie dont elle ne semble pouvoir sortir.
Le projet du film écrit par Věra Chytilová, qui s’inspire d’une expérience personnelle puisqu’elle fut elle-même mannequin, est d’abord refusé par la direction du département scénario de l’école, qui juge de mauvais goût de montrer les errances d’une jeune « bourgeoise » dont la seule raison d’être est son apparence extérieure. Dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1950, l’idéologie socialiste s’est assouplie par le dégel provoqué par la mort de Staline, mais la présence de toute influence capitaliste reste encore surveillée.
Tenace et convaincue par le film qu’elle souhaite faire, elle parvient néanmoins à le tourner en dupant la direction de l’école, stratégie dont elle usera à plusieurs reprises par la suite pour contourner les avis défavorables émis par les censeurs du Parti.
Extraordinairement abouti pour un film d’étudiante, Le Plafond est une rupture majeure dans l’histoire du cinéma tchécoslovaque.
Tout d’abord parce qu’il est réalisé par une femme, ce qui est un fait assez rare, Chytilová étant par ailleurs la première femme qui sortira diplômée du département scénario de la FAMU ; mais aussi parce qu’il met en scène un personnage principal féminin développé dans toute sa complexité psychologique, démarche tout aussi nouvelle dans la production de l’époque. Influencée par la révolution technique du cinéma-direct, la réalisatrice utilise toutes les possibilités du 16mm pour explorer de nouvelles formes, laissant la caméra explorer se rapprocher au plus près de l’intimité de ses personnages, puis s’envoler.
C’est un nouveau langage cinématographique que cherche la jeune réalisatrice, qui s’affranchit de la rigidité du cadre et de la chronologie du montage, s’approchant de l’authenticité d’une expérience vécue, celle d’une jeune femme en recherche d’elle-même, au seuil de sa vie d’adulte. »
Extrait du dossier de presse rédigé par Garance Fromont.